Rencontre... (3/3)

Publié le par thomas dellart

Après avoir pris la rue des Piliers de Tutelle, nous nous retrouvons devant le Grand Hôtel de Bordeaux au style classique, majestueusement restauré. Le Grand Théâtre est à notre droite, avec le cours de l’Intendance sur notre gauche.
- Tu sais, j’adore cette perspective. L’espace qui met en valeur les volumes, les variations d’ocres de la pierre, la perspective donnée par les Allées de Tourny, tout est parfaitement équilibré.
- Je vois, nous sommes place de la Comédie. Je comprends mieux maintenant ton pseudo, très cher Comédie !
- Ce qui me plait particulièrement, c’est le côté symbolique de cette place. On voit là l’influence de la philosophie des lumières : la ville a voulu montrer son opulence et son pouvoir non plus par une construction militaire ou religieuse, mais par un lieu de culture… A tel point qu’à cette époque, la France faillit basculer girondine !
- Toi, toujours en train de philosopher. Ne pourrais-tu pas mettre tes neurones en veilleuse quelques instants ?
Elle glisse alors sa main dans la mienne. Nous poursuivons en direction des Quinconces, laissons la fontaine des Girondins sur notre gauche, puis continuons sous les platanes. Nous nous retrouvons devant la statue de Montaigne dont le socle est couvert de mousse et de mauvaises herbes. Manifestement, Montaigne est bien le dernier monument qui ait échappé à la tornade de restauration de la ville. Je me rappelle alors ces quelques mots du sage homme.
« Un parler ouvert ouvre un autre parler et le tire hors, comme fait le vin et l’amour ».

Cécile se jette alors sur moi et m’embrasse longuement, avec pour seul témoin le croissant doré de la lune.

Elle n’habite pas très loin, rue de la Course, juste derrière le jardin public. Nous montons chez elle. C’est un appartement au premier étage, avec une belle hauteur sous plafond, un mur en pierres apparentes, du parquet au sol. Elle entre dans la cuisine nous chercher quelque chose à boire, je reste dans le salon et attends son retour. Je parcours sa bibliothèque. Quelques livres anciens, beaucoup de romans, des livres sur le bien-être. Tiens, je vois que nous avons un autre point commun : « Le Traité des caresses » du docteur Leleu. Mon livre de chevet, avec la Bible - contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces deux livres ont beaucoup de points communs. Je prends le volume dans mes mains et le feuillette. Je tombe sur une page écornée au chapitre sur l’état de réciprocité. Mon passage préféré. Je le trouve tellement juste. « Toujours vous courez…Arrêtez-vous, arrêtez la folle fuite en avant. Posez-vous. Ecoutez, écoutez-vous. Ouvrez-vous. Ouvrez vos sens à deux battants. Sortez toutes vos antennes. Oubliez vos soucis. Laissez derrière la porte : patron, chef de service, factures, U.R.S.S.A.F., formulaires. La vie, c’est plus précieux que ces tracasseries. Plus vraie. Plus dense. Plus chaud. Existez ici et maintenant. Laissez le passé au passé, le futur au futur. Vivez dans l’instant. Plus rien ne compte que les palpitations de votre cœur-corps. C’est votre vrai « vous ». Ce n’est pas le pantin social qui s’agite tout le jour. Soyez vous, rentrez chez vous. »
Ou encore, un peu plus loin : « Goûtez la main qui effleure votre peau. Savourez la peau qui frémit sous vos doigts.
Celui qui caresse doit jouir de ses propres sensations tactiles ; détailler les qualités de la peau sous ses doigts : douceur, chaleur, granité, onctuosité, frémissements, magnétisme. Il doit être à l’écoute de sa partenaire avec son toucher, ses oreilles, ses yeux. Il faut être très attentif pour percevoir les réactions non verbales. »
Elle me voit, regarde le livre ouvert, puis avec un air coquin me demande si je veux passer à la pratique …
Je sens sa chaleur dans ma bouche, son corps tout contre le mien. Elle me renverse sur le canapé. Ses baisers sur mon torse sont si doux, doux comme la peau satinée de ses cuisses que je trouve tout de suite sous ma main. En quelques mouvements, elle s’est dévêtue ; je peux admirer avec délectation son buste qui semble avoir été sculpté dans le marbre, le galbe parfait de ses hanches, l’arc de son ventre déjà frémissant. Je goûte à chaque parcelle de cette peau qui m’est offerte, soudainement, sans retenue. Elle prend ma main et commence à lécher mes doigts un à un, délicatement. Décidément, la jeune femme timide que j’ai rencontrée quelques heures plus tôt a retrouvé toute sa hardiesse. Et puis une certaine expérience de la torture la plus agréable qui soit.

Je revois les images défiler, comme si je revivais le moment. Ce petit matin où elle m’ouvrit la porte, seulement couverte d’un voile blanc et de sa pudeur, où elle porta sa main à la bouche et me souffla un baiser accompagné d’un sourire.
Cet air vivifiant qui me rappelle ma première soirée avec Cécile. J’arrive à la gare juste à temps pour prendre le train pour Paris. Ce week-end, la formation continue.
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E
<br /> un roman à l'eau rose, il n'y a rien de meilleur<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Je me suis permis de vous mettre sur mon profil de facebook!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> C'est plus qu'un livre, il y a tellement à lire! Il faudrait que je m'installe chaque soir pour regarder tous ces chapitres, ce serais un bon dépaysement....bonne soirée amicalement Lucye<br /> <br /> <br />
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